Photogreffes

À partir de reproduction de tableaux sur le thème de Judith et Holopherne, Christelle Duhaut procède à une intervention systématique : substituer la tête de Judith à son portrait, ce processus s'appelle "photogreffe".
Ainsi elle associe au geste de soustraction de la tête d'Holopherne l'addition de son visage par la soustraction de celui de Judith.
Est-ce dé-figurer, ou putôt dé-envisager Judith, pour la ré-envisager sous ses propres traits ?
Cette série de photogreffes introduit une idée factice de Judith ainsi qu'une défiguration de l'œuvre par un acte en adéquation avec celui qui y est représenté.

Par ailleurs, les photogreffes renvoient à une pratique répandue chez les dignitaires de l'empire romain qui consistait à "permuter la tête des statues*" ornant leur atrium avec leur visage. Aujourd'hui l'inscription "testa non pertinente" dans les musées italiens y fait référence.
À la renaissance, cette mode demeure dans la statuaire et la peinture. En 1530 par exemple, Cranach peignait le portrait d'une dame de la cour de Saxe sous les traits de Judith.

*Statuarum capita permutantur, Pline l'ancien (23-79), "Histoire naturelle", livre XXXV.